Déchets verts et législation

J'ouvre ce fil en tant que grand recycleur pour partager nos expériences sur l'usage des déchets verts. Je viens d'assister à une conférence donnée par Arthur Keller un communicant très communicant convaincu que nous allons vers une catastrophe climatique, sociétale et bien sûr vers une extinction d'une partie de la diversité.
Brrrr, c'est effrayant et j'en partage l'analyse. Je me suis à nouveau penché sur les préconisations de nos dirigeants qui souvent quand ils ne se moquent pas ouvertement de la situation à venir proposent des solutions de type technocratiques voire très parisiennes sans rien comprendre aux mécanismes du vivant et à la génération de CO2.

Prenons l'exemple des déchets verts. Qu'en faire ? On nous incite à les transporter dans des centres de collecte. C'est ainsi que je croise souvent des voisins avec une remorque pleine de branchages, de feuilles, de tonte de gazon.

C'est une aberration pour ne pas dire, car je suis un homme modéré, une con...rie. Pourquoi ?

Reprenons l'opération depuis le début avec en tête en permanence le souci d'estimer la génération de CO2 dans l'opération.

Je possède donc un jardin de quelques ares ou plus, j'ai des arbres, des arbustes, des plantes herbacées et chaque année j'ai deux ou trois mètres cubes de déchets.

- Suivant les recommandations de l’État, je dois les transporter à la déchèterie car je ne possède pas de gros broyeur et j'ai l'interdiction de brûler (ça pollue et génère du CO2). Je vais donc acquérir une remorque (première source de CO2 car il a fallu la fabriquer).
- Je transporte ma cargaison à la déchèt... je consomme de carburant (d'où ReCO2). Je rentre au garage (ReRe CO2).
- ma cargaison est ensuite récupéré par un gros porte-benne jusqu'à un centre de broyage et de compostage (ReReRe CO2).
- Là, d'énormes broyeurs transforment mes déchets en petits pellets qui sont bennés dans une fosse. (ReReReRe CO2)
- Pour activer la transformation, car il faut aller vite, les camions bennes se suivent surtout en automne ou au printemps) de puissants ventilos insufflent de l'air dans la masse de débris verts pour activer la fermentation (ReReReReRe CO2).
- Cette fermentation, va dégager une grande quantité de CO2 (ReReReReReRe CO2), celle-là est normale, enfin...
- Un mois plus tard, je me présente au centre de compostage ou je récupère avec ma remorque, 500 kg de joli compost très chaud et fumant. Pourquoi ? Pour détruire les graines et les divers parasites présents dans la biodiversité des déchets (ReReReReReReRe CO2). Un gros bulldozer vient me les benner dans ma remorque (ReReReReReReReRe CO2)

Je suis heureux, j'ai participé à la protection de la planète en agissant avec grand civisme.

Maintenant, si j'avais gardé mes déchets ? Il me fallait un broyeur si possible thermique (première fabrication de CO2). Le BRF ainsi réalisé se serait partiellement dégradé en compost (ReCO2).  Et c'est tout...
Oui mais les déchets parasités (champignons variés surtout) qu'en faire ? Là je brûle oui je brûle même si c'est interdit (ReCO2, ça reste dans la logique dégradation du déchet) dans un cubilot que la législation dans sa grande incompétence n'a pas eu l'idée d'interdire.

Donc faite le bilan des deux opérations, l'une est génératrice de manutention, de transport et se traduit par uns surproduction de gaz carbonique.
On marche sur la tête, on est dans le monde  des shadocks (les vieux comme moi connaissent : pour faire avancer leur bateau, les shadocks pompait l'eau devant la proue pour la rejeter à la poupe, notez qu'en n'en est pas loin.

Mon coup de chaud est terminé, vive le recyclage!!!

Je partage entièrement ton analyse.
J'essaie simplement de faire en sorte que rien ne sorte de chez moi. J'ai d'ailleurs un énorme tas de branches dont je dois m'occuper. (Je vais sans doute devoir louer un broyeur thermique)
Ce qui ne sera pas broyé finira au poële ou en piquets,tuteurs, bordures...

Dans l'idéal, qui serait bien, ce serait une sorte de groupement d'achat ou de coop de matos avec le voisinage.
Et le retour des moutons et chèvres pour entretenir les pelouses et débroussailler. On peut toujours rêver...

L'idée d'un achat de broyeur thermique commun est une excellente idée. Une autre tout à fait réalisable serait que les communes mettent à disposition de petits broyeurs thermiques comme le mien mais il faut toujours avoir en tête que toute forme de déchet (ménager et autres) est une mine d'or pour les exploitants. Plus la chaîne entre le produit et son traitement est long plus les intermédiaires empochent. Je crains que les déchets verts n'échappent pas à la règle. Hélas.

Mais oui rien ne doit sortir du jardin, rien.

Bien d'accord, pourquoi jeter ces trésors pour aller ensuite acheter entre autre du BRF ?
Seul exception sur ce point, ma réserve de terrasse, mais j'en consomme un sac tous les 3 ou 4 ans maximum.
J'ai un broyeur qui sert aussi à mon voisin immédiat. Déjà proposé au voisinage, qui préfère la décharge.
Rien ne sort du jardin. Comme Vincent, le gros bois part au feu.
Bien sûr, c'est toujours du CO2, je ne peux pas faire moins, sauf peut-être mâcher ce que je coupe

Bugade a écrit:Bien sûr, c'est toujours du CO2, je ne peux pas faire moins, sauf peut-être mâcher ce que je coupe Laughing

Même pas, il est de toute façon inévitable que la matière organique morte se dégrade et dégage du CO2, mais si celle-ci est transformée en compost elle sera en grande partie directement retransformée en carbone séquestré, la partie oxydée repartant dans l'air pour être absorbée par nos plantes donc évite de mâcher tes branchages ça jaunit les dents

Ce que l'on peut déjà faire c'est de tenter de convaincre le voisinage que la déchèterie est un pis-aller, j'ai déjà convaincu au moins ma progéniture (oui je sais le résultat est modeste...)

Voilà longtemps que j'abonde dans le sens de Cortejuan et Vincent: j'ai un broyeur électrique et tout ce qui peut y passer y va mais je suis limitée par le diamètre des branches donc je me disais aussi que ce serait une bonne idée que la commune investisse dans une broyeur conséquent (tailles de pins maritimes et de chataigniers) 'municipal' prêté ou loué à moindres frais aux habitants de la commune (nous sommes moins de 150 à l'année ......)
Mais pour l'instant, cela ne me gène pas trop car tout ce que je ne peux pas broyer alimente un trou que je n'ai pas encore pu comblé de terre: les années passant, cela me fera peut-être un sous-sol un peu plus riche que celui existant naturellement
Au niveau de l'émission de CO2 émis pour la fabrication de compost, elle est un peu moindre que celle que décrit Cortejuan: la plate-forme de déchets verts (qui se trouve à 15 km de chez moi ) ne fait que du broyat (donc imaginez la propagation des diverses maladies et de quelques larves de paysandisia archon ou charançon de l'agave ou du palmier qui échapperaient à la broyeuse ....) et cet engin vient de ...... Valences soit plus de 100 km ..... Quelle économie de CO2 !!
Sans parler que les agriculteurs et les forestiers ont le droit de bruler; et que dire des incendies de forets de par le monde ......
Doit-on aussi rajouter dans la liste des émetteurs de CO2 les producteurs d'électricité qui fonctionnent au charbon .....
Un jour, on en viendra à nous interdire les barbecue estivaux sans parler des feux de cheminée hivernaux ......

Alors que représentent nos pauvres petits écobuages ......

chez moi aussi rien ne sort
nous avons investi dans un broyeur, bien sur il consomme de l'essence
comme nous avons obligation de débroussailler et que le terrain est grand nous sommes autorisé à bruler, mais nous ne brulons que ce que nous ne pouvons broyer comme les branches de pyracantha et de rosier
il nous arrive de récupérer les sacs d'aiguilles de pin que laissent nos voisins à côté des poubelles.

et il m'est arrivé par deux fois qu'une entreprise de débroussaillage/broyage  accepte de venir vider chez nous la totalité de son camion

du broya, nous n'en avons jamais assez...

Les politiques publiques évoluent aussi dans le bon sens, parfois ! Ici à Toulouse, la métropole favorise le broyage à domicile, et fait de la pédagogie dans ce sens, pour que les déchets verts restent au maximum sur les parcelles.
On peut louer gratuitement un broyeur individuel dans un Kiloutou. A partir d'un volume de 2m3, on peut réserver gratuitement un service de broyage à domicile. Certaines communes de l'agglo organisent aussi des opérations de broyage.
Pour ma part, j'ai un broyeur électrique, très peu de déchets sortent de chez moi, sauf les végétaux malades que je porte en déchetterie. J'essaie de récupérer aussi les sacs de pelouse tondue de mon voisin, qui persiste toujours à les apporter à la déchet'...

Ce que tu dis, Gaétan est réconfortant mais la question soulevée par Arthur Keller est la capacité des petites initiatives à doucement mais sûrement se substituer aux grands lobbies qui par leur implication dans le système capitaliste sont toujours très puissants.
A. Keller dit qu'on ne peut pas supprimer un modèle sociétal ancré depuis des siècles mais que l'on peut créer un système parallèle qui doucement prendra du poids et finira par s'imposer.

En gros, les petits ruisseaux font les grandes rivières...

Personnellement, j'ai de grands doutes, les résistances sont considérables, il suffit de regarder l'évolution de l'agriculture française, les pressions énormes exercées par les grands lobbies chimistes pour continuer à surcharger le sol de pesticides et d’intrants.

J'ajoute que l’apathie globale des peuples occidentaux qui se résume par "moi je m'en fous" ne facilite pas la chose et je crains que tant qu'une catastrophe majeure ne vient pas percuter notre petite vie, rien ne changera.

- L'agriculture malade ? je m'en fous, je cultive mes légumes
- Les flux migratoires ?  faut foutre dehors tous ces va-nu-pieds
- l'augmentation de température ? Chouette, je n'ai jamais eu autant de figues
- les algues qui envahissent la Bretagne et aujourd'hui pour une autre variété l'Espagne ? M'en fous, je vis dans l'est
etc. etc. etc.
Faudra que je prenne un peu de vitamine, j'ai l'impression que je déprime un peu

J'apprends que ma commune vient de mettre gratuitement à la disposition des particuliers de petits broyeurs de végétaux domestiques. On aura toujours un wagon, que dis-je, un train de retard en matière d'environnement,
mais mieux vaut tard que jamais.

C'est une bonne initiative!
C'est du prêt de matériel?

Tout à fait.

On y vient, très lentement, très lentement mais on y vient...

Mais il y a encore du chemin. Dans mon bled, dans un lotissement récent, les concepteurs ont eu une idée étonnante (sic). Ils ont planté sur la place centrale plusieurs pommiers. Des pommiers ? Mais pour quoi faire ? Les pommes mûrissent, tombent au sol, sont utilisées par les gamins pour jouer et finissent leur vie en pourrissant. Personne n'a idée de les ramasser. c'est vrai qu'à 500 mètres il y a une superette avec des pommes bien comme on les aime dans notre monde moderne.

Peut-être que les habitants ne les considèrent pas comme comestibles ...... Une petite information précisant la/les variété(s) pourrait sans doute changer la chose ...... (on peut toujours espérer )

Je ne connais pas de pommes non comestibles, certaines sont âpres, d’autres acides les deux souvent destinées à la fabrication du cidre. Mais de belles grosses pommes type boskoop...

Je me sens vieille.....j'ai mis à la disposition de mon lotissement de vieux, un composteur. Pas eu le courage d'en informer tout le monde...avant tous les restes végétaux étaient mis dans un gros tas où les sacs en plastique n'étaient pas exclus...enfin juste les débris de jardins, pas trace d'épluchures par exemple. J'ai depuis longtemps un vernicomposteur (correcteur d'orthographe: lombricomposteur. Les lombrics n'ont rien à faire là-dedans.). Acheté au 1/3 du prix, personne n'en voulais à jardigland.
La solution préconisée par Marc-André Selosse : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-journal-de-l-eco/trier-ses-dechets-alimentaires-un-geste-citoyen-7782287. Stop, avant de dire n'importe quoi je vais l'écouter.
Je râle encore un peu: Mr a mis mon broyeur à la décharge. Certes ce n'était pas un merveille, il m'avait été donné par un voisin, mais je déteste cette manie que Mr a de jeter mes affaires. Je me console en pensant que quelqu'un a pu le récupérer .
J'ai été surprise d'entendre un voisin dire qu'il était écolo, bien sûr pas politique. Je lui ai demandé des explications car à priori je ne voyais pas en quoi. C'est parce qu'il trie ses déchets ! N' êtes vous pas en admiration ?  

Quand j’ai acheté (nous avons acheté, me femme peut lire mes posts) ma grosse cambuse, la première chose que j’ai construite dans mon jardin, c’est un ensemble de composteurs en dur. J’en vide un tous les ans et benne l’autre dans le vide. Oui c’est du boulot mais le potager applaudit à toute feuille.

C’est marrant, on redécouvre le fil à couper le beurre : il y a 100 ans, à la campagne tout retournait dans le jardin (parfois un peu trop) les semelles de godasses que l’ai plusieurs fois deterrées n’étaient pas franchement utiles pour mes radis ( non ce n’est pas un jeu de mots).

Cortejuan a écrit:C’est marrant, on redécouvre le fil à couper le beurre

Nuançons!
Avant le retour au jardin…
Chez mes grands-parents paysans dans le Valois, on n'avait même pas de quoi composter, car avec les épluchures, en premier, on nourrissait les volailles, lapins et autres.
Les autres restes des repas (peau, couenne, gras, os) et le pain devenu rassis complétaient la soupe des chats et des chiens.
Le papier des éventuels emballages servait à allumer le feu.
Et au pire (une conserve ayant mal tourné), on balançait sur le tas de fumier (où la volaille avait le don de faire le tri).
Quant aux déchets de taille… on les brûlait avant de les épandre "ça fait de la potasse!"

Ma commune actuelle (Hyères) ramasse les déchets verts des particuliers une fois par semaine et offre sur demande des composteurs… et des poules!

Pour ma part, j'ai pratiqué le lombricompostage en appartement avant d'opter pour la pratique en direct au pied des plantes dans les pots. Ça présente des limites qui n'existent pas en pleine terre, mais ça marche!

Ta commune vous gâte ! Vous avez même droit à des poules !
Et bien, je fais comme tes grands parents. Seul le plastique va au tri et les os à la poubelle.
Les voisins ne donnent jamais d'œufs, mais leurs poules m'adorent  

les os aussi c'est bon pour les plantes ...

daniela a écrit:les os aussi c'est bon pour les plantes

Les avis sont partagés. Il semble que les minéraux contenus dans les os soient assez peu assimilables par les plantes. J'ajoute que les os se décomposent très très lentement. Heureusement, ça nous permet de retrouver des cousins éloignés, voire très éloignés.

Ça me rappelle une histoire sordide, lors de la guerre de Crimée dans les années 1854-56 il y a eu un grand nombre de morts. Les champs étant couverts de cadavres, certains ont eu l'idée de vendre les ossements pour en enrichir les champs en Allemagne.
Les anglais ont repris le modèle et certains pensent que la maladie de la vache folle pourrait être due à ensemencement du sol british par des prions issus de cadavres humains.

Ça donne faim...