Cycas hybride revoluta x multifrondis - fiche d'acclimatation

Cycas hybride revoluta x multifrondis - fiche d'acclimatation

Introduction
Dans l'Ordre des Cycadales, les amateurs apprécient peu les hybrides, sauf s'ils apportent un caractère intéressant esthétique ou de culture.
C'est le cas de cet hybride qui apporte à la fois la facilité de culture et une des meilleures résistance au froid de Cycas revoluta et le caractère esthétique inhabituel d'un port de feuilles érigé et des pinnules plusieurs fois divisées de C. debaoensis ou C. multifrondis.
Cet article est un préambule à un article de fond qui paraîtra dans "Plantaexotica".

Origine du parent original
Les explorations de lieux isolés en Asie, ont permis à la fin du XX° siècle et encore actuellement de découvrir de nouvelles espèces du genre Cycas.
Dans le sud de la Chine (Yunnan et Guangxi) ont été découvertes dans des zones boisées, des espèces aux feuilles très longues, érigées, parfois bipennées ou aux pinnules plusieurs fois divisées. Ces plantes poussant parfois un peu en altitude, mais le climat doit être considéré comme tropical de mousson.
Ces espèces ont été cultivées très rapidement après leur découverte en pays tempérés à subtropicaux, à hivers très doux (Floride, Californie, Australie...) et ne semblent résister qu'à de très petits gels et n'aiment pas trop le soleil vif.
Leur croissance étant rapide, les plantes cultivées sont devenues adultes et des hybrides ont été créés en particulier dans le sud des USA. Grâce au dynamisme de Rare Palm Seeds, des graines ont été largement distribuées.

Culture en jardin d'essais. Résultats préliminaires en Europe.
Le résultat est inespéré ; les hybrides associent les avantages des 2 espèces d'origine : rusticité sans dégât foliaire testée à -5°C à -6°C chez moi (sous canopée), -7°C dans l''Hérault et résistance importante au soleil (si arrosé copieusement), donc comportement comparable C. revoluta et pinnules vert-clair, plusieurs fois divisées de C. debaoensis ou C. multifrondis, avec un superbe aspect de "fougère géante". Vigueur d'hybride.

Ces plantes sont un plus incontestable en acclimatation.
Leur culture est comparable à celle de C. revoluta, mais les hybrides se développent particulièrement vite et bien s'ils sont exposés au soleil de la matinée, sur bon sol d'alluvions peu ou pas calcaire surélevé et drainé (comportement aux sols calcaire pas encore connu, mais les Cycas chinois poussent souvent en zone calcaire).
Dès que les températures sont supérieures à 20°C à 25°C les arrosages doivent être très copieux pour déclencher la pousse de l'année qui intervient à partir de la mi-juillet ici.
La croissance est rapide (pour un Cycas) un caudex de 4 à 5 cm passant à 15 voire 20 cm en 6 à 7 ans, avec parfois production du premier cône.
La plante émet 3 à 10 feuilles par an.

En images (photos personnelles de mon jardin)
Une feuille modérément divisée (certaines feuilles ont des pinnules divisées 3 voire 4 fois) :


Pousse d'un hybride en 2019 (environ 8 feuilles) sur plate-bande surélevée de limon enrichi de MO :


Vue générale d'une plante poussant en sous-bois clair, beau vert du feuillage ressemblant à une fougère. Noter l'épaisse couche de feuilles et de mulch :


Au total :
Plante à introduire absolument dans un jardin où Cycas revoluta garde ses feuilles intactes la plupart des hivers (Zones 9B à 10), voire zone 9 au sud d'un arbre persistant ou sous une avancée de toit.
Culture en pot possible comme C. revoluta en climat à hivers froids.

Texte PierredeSFA, d'après expérience personnelle sur 7 ans et documentation Simon Lavaud et "Cycads of the world, D.Jones, second edition' 2002.

Merci Pierre pour cette fiche très complète. Quelle élégance et quelle légèreté dans ce feuillage !

J'apprécie ces exposés où on contextualise et détaille l'origine, le sol, le climat.


(Bon dommage je ne suis pas - encore - en zone 9, quoique cette année si )

Merci.
Tous ces éléments sont le minimum, auxquels doivent s'ajouter de l'intuition, de l'expérience et de la modestie/ phénomènes naturels (d'où la publication retardée/ la tenue de l'expérience) pour se donner le maximum de chances de réussir une acclimatation et/ou ne pas raconter de sottises, surtout si on est pionnier.
Ce caractère pionnier-défricheur, me plait beaucoup car dans la plupart des domaines l'acclimateur du XXI° siècle arrive"après la bataille". Heureusement il reste quelques coins reculés à explorer du point de vue botanique et des plantes dont les possibilités d'acclimatation ont été sous-estimées (comme le Genre Clivia, par exemple) !

vraiment de très beaux Cycas, je me demande si le soleil d'ici et surtout l'atmosphère très sèche, je suis loin d'un climat de mousson, leur conviendraient bien , il ne suffit pas d'être en zone de rusticité 10 pour que tout pousse

Effectivement, je me base sur le Midi français.
Mais cet hybride (ainsi que C.debaoensis non hybridé)a été réussi en Espagne, je pense que là-bas aussi, les conditions où Cycas revoluta réussit à être beau, même l'été (en Espagne, il est courant et c'est facile de le vérifier) conviendront à l'hybride ; la mi-ombre et un environnement pas trop desséché, l'abri du vent, et bien-sûr des arrosages réguliers augmentés en été, seront les conditions optimales. Mais c'est une "plante-bijou"qu'on ne met pas n'importe où comme un laurier-cerise, un Eleagnus ou un pin.
Nous, en France, l'ennemi essentiel reste encore le gel, puisque nous vivons plus un dérèglement climatique qu'un réchauffement pur, les régions où des hivers froids sont intervenus dans le passé peuvent récidiver, d'où méfiance à avoir dans le Sud-ouest ou en Languedoc.

À mon avis il faut que tu regardes plus du côté des Encephalartos, Benji.

Pierre précise "climat tropical de mousson" - plutôt vers Barcelone ou côte atlantique alors.

Très bonne fiche à expérience personnalisée.

Belle plante en pot pour mon climat, j'adore ses palmes érigées et ses pinnules divisées

À mon avis il faut que tu regardes plus du côté des Encephalartos, Benji.

oui tu as raison Vincent, merci, il faut dire que niveau acclimatation, je suis parti de très bas

je ne prenais en compte que la rusticité de la plante, hors ici ça n'est pas l'essentiel,

l'essentiel c'est la capacité de la plante à endurer une longue période de sécheresse (parfois 6 mois)

quand je vois des plantes qui pic du nez au bout de 24h sans arrosage

pour moi une bonne acclimatation, c'est lorsqu'un arbre, arbuste etc.... planter depuis 3 ans n'a plus besoin d'arrosage , comme les schinus molle, brachychiton etc ....et si je pousse plus loin et reprends les propos du regretter Jean06, c'est lorsque une plante produit des semis spontanés

alors bien sur quand je vois les beaux Cycas présentés par Pierre, ça fait baver d'envie, il faut que je reste lucide

Il y a aussi des échanges très intéressants sur l'acclimatation des Cycas revoluta ICI, du 9 au 16 juin 2023.

Je ne sais plus si je l'ai précisé, ces hybrides forment leur cônes précocement comme les Cycas à feuilles divisées (C.debaoensis, C.multifrondis), dès que le caudex a atteint une quinzaine de cm de diamètre, en 6 ans (si les condition de culture et la croissance sont optimales) à 15 ans par rapport à la date de semis.
J'ai eu d'abord des cônes femelles : cône plus petit que celui de C.revoluta, reste fermé même quand il est réceptif, mais devient moins ferme, ce qui fournit à peu près le temps où on peut polliniser ; le voici fin 2022 presque à maturité avec ovules formées (nous l'avions hybridé l'an passé avec une autre espèce, nous verrons si nous obtenons qques hybrides triples) :


Cette année une plante mâle fait un cône (plus souple et un peu plus petit que le cône de C.revoluta).