Les botanistes

Maintenant le cap indique nord, nord ouest sur les iles polynésiennes , sans aucune escale .

Durant trois mois les deux navires remontent le Pacifique  la vie à bord est très dure et à la fin du parcours la nourriture commence à sérieusement manquer , son état de conservation est terriblement dégradée . L'eau devient imbuvable tellement elle sent mauvais,  Bougainville fait tuer tous les rats qui sont dans les sous sols des navires pour que les matelots puissent manger et prendre cette vitamine C indispensable pour lutter contre le scorbut cette maladie des gencives qui déchausse les dents au bout de 70 jours en mer .

Au bout de 60 jours les guetteurs recherchent la terre au loin, rien . Soixante dix  toujours rien , la peur est là de ne plus avoir à manger , les restrictions de nourritures sont au plus bas .

Quatre vingt cinq jours : terre, terre , au loin une barre sombre se précise et les oiseaux de mer sont de plus en plus nombreux , enfin une terre d'accueil arrive , ou l'on va pouvoir poser le pied sur la terre et trouver à manger ?

Une ile inconnue  se dessine devant les deux navires .

Nous sommes les premiers jours d'avril 1768 . Bougainville la nomme 'Nouvelle-Cythère'. De loin elle est montagneuse et des nuages recouvrent les sommets des montagnes . L'ile est inconnue des français  mais pas pour les anglais qui l'ont découverte un an plus tôt par le capitaine Samuel Wallis mais par le  coté nord de l'ile . Là la frégate et la flute sont au vent dominant .

Il était temps de voir la terre au bout de 8000km en mer depuis  la sortie du détroit de Magellan et partis depuis 17 mois de Brest .

Une première pirogue à balancier accueille avec beaucoup de bienveillance ces humains habillés d'une façon différente d'eux . Ils sont pris pour des dieux . Des bananes sont offertes, petit à petit devant la non agression de ces arrivants de nombreuses pirogues arrivent et commencent à faire des échanges et ceinturent les deux navires . les plus hardis commencent à vouloir monter à bord .

Les présentations se font avec 'des chefs locaux'  ou plutôt des anciens ou des sages .

Bougainville a l'autorisation de débarquer les malades sur l'ile, il a fallu négocier car 300 personnes qui arrivent perturbent la nonchalance naturelle du pays. Les autochtones remarquent que le navire est fait que d'hommes ce qui les surprend , ces hommes sont surprenants certains sont ils des dieux ?

Les malades sont mis en soin sur le bord de la plage , ils devraient vite se remettre du manque de nourriture fraiche , ici les fruits sont nombreux .

Ensuite l'équipage marin remarque bien vite ces belles  femmes dénudées qui sont prêtes à se donner ..... contre quelques clous qui vont faire de formidables hameçons pour pêcher les poissons ...... on se croirait au jardin d’Éden....

Autour des habitations qui sont en fait des huttes poussent des bananiers , des patates douces , des ignames, des courges et sans doute d'autres fruits le Morinda, le Corossol, l'arbre à pain , la noix de coco .





Cocos nucifera

Tout ceci dans un décor de cascades d'eau assez hautes .

Les insulaires sont d'une indolence à peine imaginable .

Lorsque Bougainville se fera connaitre à son retour en France dans l’Europe entière suite aux longues soirées parisiennes ou il décrit devant des parterres de bourgeois la vie sur ces îles lointaines ou tout est plein de douceur , amour, pour des marins après des mois d’abstinences. Les femmes se donnent  à eux de façon naturelle . Les échanges se multiplient contre des fruits, des légumes, des volailles , des poissons, des crustacés contre des clous qui n'existent pas sur l'ile, des tissus, apportés d'Europe, des mouchoirs, des pendentifs d'oreilles, des outils genre couteaux etc .

L'équipage dans de telles conditions se refait une santé , les scorbutiques très nombreux reprennent des forces de jour en jour .  

L'approvisionnement des navires se fait des les premiers jours d'arrimage . Les barriques d'eau sont vidées et remplies avec l'eau des cascades, et l'on commence à charger des animaux pour le prochain départ .

Bougainville propose avec l'aide du jardinier l'autorisation de semer des graines , c'est accueilli avec grand plaisir . Il est semé de l'avoine, du riz, du blé, de l'orge, du mais, des oignons, et des graines potagères apportées par l'étoile .

Quelques vols sont commis par les insulaires. Les français s'en plaignent . Un tahitien est tué . Un début de discorde se profile. C'est la seule fausse note .

Commerson et 'Jean Barret' s'apprête à herboriser dans les environs proches . Bien vite Jeanne Barret est découverte et doit se réfugier sur l'étoile . C'est à ce moment là seulement qu'elle a été 'officiellement' été reconnue comme étant une femme sur un Navire . Les femmes étant interdites sur les navires pour cause de perturbation masculine . On dit que sur les deux navires c'était déjà largement divulgué . Peut être que Bougainville aurait fermé les yeux ?.....

Étant sous le vent les amarres des bateaux cassent et les deux navires ont faillis se détruire sur les côtés .

Il est temps de partir

Le camp est démonté ainsi que l’hôpital

Des marques du passage de Bougainville sont laissées sur l'ile pour les prochains voyageurs . Un tahitien demande de partir avec eux , il s'appelle Aotourou , il va faire le trajet jusqu'à Paris et retour ensuite au pays un peu plus tard . .... Durant un an à Paris il va faire les salons parisiens , aller au théâtre, enfin vivre et découvrir un autre monde ou parait il il s’habituera très vite et très bien malgré les moqueries des salons .
Bougainville aura inspiré le philosophe Diderot sur le fondement des loies morales , l'hypocrisie des sociétés européennes , à l'époque policées et sur l'autonomie de l'individu qui n'a pas à se soumettre à un dieux , mais ne doit s'en remettre qu'à la raison .

Je ne sais pas si j'ai le droit de mettre des photos ou dessins de l'époque aussi je m'abstiens pour des questions de droit d'auteur . Si vous avez des photos libres de droit vous pouvez bien sur les mettre ça complèterait le sujet .

Bonne semaine à tous et à lundi comme d'habitude .

Poursuivons le voyage direction les Moluques .

Le 15 avril départ de Tahiti , le voyage se poursuit dans l'océan Pacifique et  la découverte des iles se fait semaine après semaine . Les Samoa, les Fidji, Vanuatu, la barrière de corail de l'Australie , sont effleurés . Retour plus au nord est sur les iles Salomon et découverte d'une ile qui est nommée Bougainville en l'honneur du chef d'expédition . Le voyage se poursuit au nord de la Papouasie Nouvelle Guinée .

Rappelons qu'à l'origine de ce voyage l'idée principale est de découvrir  des lieux ou l'on pourrait soutirer des richesses de ces pays pour enrichir la France ou du moins échanger avec ces pays  .

Là encore les mois sont passés et l'on arrive après plus de 6000 km au nord de la Papouasie Nouvelle Guinée aux Moluques un 30 aout 1768 . L'ile de Seram est une des grandes iles que forment les Moluques .

Ces iles sont 'chasses gardées des néerlandais ' pour ses épices .

135 jours se sont passés depuis le départ de l'ile de la 'Nouvelle Cythère' .

Les cales sont vides de nourriture . Il était urgent d'arriver dans un coin civilisé ou les hommes pourraient se refaire une santé à cause du scorbut  qui détruit la santé des marins . A cette époque le vitamine C n'est pas connue , seuls les rats sont pourchassés car ils apportent les vitamines C nécessaires aux hommes et Bougainville comme les matelots le savent .

En attendant les iles de Seram,  Buru, Ternate et Banda sont à bonnes distances en mer et les hommes sentent les épices et bonnes odeurs toutes proches . L'équipage s' impatiente  car depuis des semaines ils vivent  dans les odeurs malsaines et dégoutantes des dernières nourritures et des eaux pourrissantes sur les navires . (on imagine mal la souffrance de ces hommes qui vivent dans des conditions extrêmement précaires)

La vue au loin d'animaux réchauffe le cœur des dernières personnes qui sont encore debout sur les deux navires . Huit jours de plus et de nombreux matelots et officiers seraient morts du scorbut .  


Café


Piper nigrum

Problème , les seuls navires qui peuvent circuler sont des navires vaisseaux de " La Compagnie néerlandaise des Indes Orientales " qui ont le monopole des épices sur toute l'Asie . L'ile dépend d'Amboine et de son gouverneur .

Après d'amples discussions le gouverneur accorde un séjour pour soigner tous les malades . Reçus par celui ci les officiers  prennent un repas gargantuesque par rapport aux dernières semaines passées à bord ou tout était rationné  et de très mauvaise qualité .

Le défi est  de donner journellement du cerf à tout l'équipage et ce durant tout le séjour afin que tout le monde reprenne les forces nécessaires pour continuer le voyage .Les insulaires mangent du pain de sagou qu'ils tirent du cœur des palmiers . Le pain ressemble à la cassave, par contre pas de légume , il n'y en a pas sur l'ile . Il est vendu à l'équipage , des volailles, des œufs, des poules, des poissons, des chèvres et des fruits .



Les malades descendent à terre pour marcher et se refaire une santé .

Dans l'ile on trouve "des chats sauvages" avec une poche placée au bas du ventre (marsupial) sans doute une espèce de Phalanger ou de Spilocuscus qui vivent aux Moluques , des grandes chauves souris , des scinques  qui se dressent et font penser à des lézards . Il y a aussi des Pythons des Moluques  qui mesurent dans les 4 m de longueur et des crocodiles énormes qui peuvent emporter un homme . Seules les torches allumées les repoussent la nuit .

Aotourou notre tahitien du voyage fut surpris de voir toutes ces personnes habillées comme les français . Ils ont des maisons, des jardins, des animaux domestiques. Ce fut sans doute une première approche pour lui de notre monde civilisé. Par contre il n'y a pas de commentaire d'Aotourou sur les nombreux esclaves qui sont sur l'ile .



Six jours après leur arrivée les deux navires repartent direction Batavia avec un équipage à moitié soigné mais qui peut servir sur les deux navires ; tout en finissant de récupérer quelques forces .

La mousson pousse Bougainville à avancer au plus vite avant d'avoir des vents contraires et des pluies conséquentes .

Batavia est en vue le 6 octobre 1768 .
Le 7 au matin Bougainville voit le général des Indes et lui fait la demande d'hospitaliser les hommes toujours malades du scorbut . les quinze couts de canons sont échangés en signe de bienvenue .
Quatorze navires se trouvent dans la baie tous hollandais plus deux navires français .
Vingt huit hommes partent à l’hôpital à cause du scorbut (ou du flux de sang ) ?
Les commandes sont faites, farine, biscuits, vin, viande fraiche, légumes, remplissage des barriques d'eau, .
Le séjour se passe plutôt bien , des réceptions chez les dignitaires locaux , visite de la ville , concert de comédies chinoises , visite du commerce le plus important important de l'époque , (sans doute un gros entrepôt ou sont regroupés les marchandises arrivant d'un peu partout d'Asie) et qui repart ensuite en Europe  .



La suite semaine prochaine , bonne semaine à tout le monde !

A Batavia à cette époque la magnificence et le gout qui décore les intérieurs des maisons démontre que la richesse de ces commerçants très anciens qui ont fait fortune avec l'Europe (Venise et Amsterdam ) n'ont rien à envier avec les commerçants qui vivent en Europe .

. La "Compagnie néerlandaise des Indes Orientales " possède une bonne partie de l'ile de Java . Dans ses hangars elle stocke toutes les productions des Moluques , vend dans toute l'Europe le nécessaire et brule le restant ce qui maintient les prix au plus haut . Le poivre venant du Ceylan .

           Au plus fort 100. 000 personnes travaillent dans les années 1750. Durant 200 ans  4750 navires ont été affrétés pour le transport des marchandises , environ 630 navires sont coulés ou disparus dans leurs activités de traite négrière, commerce du thé, des épices, des tissus, de le soie, des transports de poterie asiatique chinoises ou japonaises .
De java partait ;
les clous de girofle, les noix de muscade, le poivre, le gingembre, la Cardamone, le café ,le thé, le sucre, le riz, la soie, la laque, les porcelaines, les produits de luxe, et vêtements de Canton, l'indigo, les pierres précieuses, l'ivoire, l'or,  la noix d'Arec etc ...


Curcuma  Gingembre


Curcuma à gauche et gingembre à droite


Poivre du Ceylan Piper nigrum


Cinnamomum verum (cannelle)


Cinnamomum camphora Camphre

                 Bien sur la compagnie  exporte et importe afin de ne pas naviguer à vide .Tous les voyages s'effectuent  selon la saison et surtout les vents portants ce qui réduit les voyages . Par ailleurs avec les pirates qui cherchent à voler les marchandises des convois sont organisés afin d'être défendus contre les brigands . Il faut compter une vingtaine de mois pour l'aller retour entre Jakarta Amsterdam et le retour .  Au retour comme à l'aller  quelques voyageurs circulent entre l'Europe et l'Asie souvent on s'en doute des personnes assez riches .

En 1800 la compagnie néerlandaise après deux cents ans d’existence fait faillite le commerce avait bien changé et la nourriture des européens évolue . L'Europe s'est  mise au café , au thé, et surtout presque toutes les épices sont cultivées dans les colonies européennes , en Afrique, mais aussi en Amérique .On a même essayé de faire du coton dans le sud de la France à Toulon .
La corruption s'est installée depuis longtemps , mais aussi les couts croissants de la gestion de l'empire territorial .

       Le 17 octobre 1768 départ de Batavia  direction les Mascareignes .

     Direction l'ile Maurice appelée encore à cette époque ile de France .  Les dix neuf jours de repos à Jakarta ont bien permis aux matelots de récupérer des souffrances antérieurs accumulées . Les deux navires repartent très vite pour cause de dysenterie dans tout l'équipage . Il est temps de changer d'air . le 19 octobre les deux navires passent le détroit de la Sonde entre Java et Sumatra . Au bout de dix huit jours les Mascareignes sont en vue , en premier l'ile de Rodrigue et deux jours après l'ile de France (ile Maurice) , l'amarrage s'effectue dans la baie du tombeau dans le district de pamplemousses . Nous sommes un 5 novembre 1768 .

Comme partout après une arrivée  départ des malades à l’hôpital . Ravitaillement des navires pour un départ proche . Deux hommes meurent à la suite de la maladie , le chevalier de Bouchage enseigne de vaisseau, d'une dysenterie contractée à java et un jeune fils de monsieur Le Moyne commissaire ordonnateur de la marine. Pour rappel un mort également à Jakarta .

 Bougainville s'est bien occupé de ses matelots , car à l'arrivée à Brest on a dénombré sept morts sur les deux ans de voyage ce qui est très peu en comparaison des anglais qui avaient à cette époque beaucoup plus de morts et parfois vingt pour cent de l'équipage qui mourrait en route .

Quarante jours ont été nécessaires avant de repartir et maintenant l'équipage est sur pied pour terminer ce voyage jusqu'à la France .

 Le 9 janvier arrivée le matin au Cap de bonne Espérance .

  Pendant ce temps Commerson ,Jeanne Barret et l'astronome Veron sont restés sur l'ile Maurice .

  la suite semaine prochaine avec Commerson qui visite la Réunion et l'ile de Madagascar (l'ile rouge)

que de plantes mythiques !! et leurs découvreurs ; merci pour ces histoires de la vie coloniale !
On ne se contentait pas à l'époque d'échanger des plantes et d'importer des trésors , on apportait des maladies ( Au fond ça n'a guère changer )

En fait on pourrait parler plus longtemps sur Jakarta et les Moluques ce sera fait sur d'autres sujets ou il y a beaucoup plus d'histoires à raconter .

Beaucoup de maladies sont venues de ces régions , peut être un peu plus que maintenant ?
Actuellement c'est la vitesse de propagation qui pose problème avec les transports ultra rapides .

Un régal ce voyage.

Si je puis me permettre, il n'y a pas une petite erreur de date ...?

Lundi dernier tu disais "Batavia est en vue le 16 octobre 1768 .
Le 17 au matin Bougainville voit le général des Indes"

Et aujourd'hui : "Le 17 octobre 1768 départ de batavia, direction les Mascareignes"

C'est pas grave, mais au moins, je suis le bateau à la trace.

Merci pour ces récits, Vernousain.
Hélas, ces voyages-découvertes cachent une bien plus sombre histoire...

Un peu long pour répondre à Pamina mais j'ai retrouvé les bonnes dates .

Batavia est l'ancien nom de Jakarta .

Le départ de Batavia s'effectue bien de Batavia le 17 octobre direction les Mascareignes .

L'arrivée à Batavia était finalement le 6 octobre .

Vincent 24

Ces voyages découvertes sont le début de l'industrialisation européenne , de la prise des richesses de ces pays et la poursuite de l'esclavage avec Napoléon .
La découverte de L'Australie côté est et les iles du Pacifique que je développerai plus tard dans le voyage de Lapérouse et d'Entrecasteaux parti à sa recherche .

C'était une autre époque qui se déclencha à mon avis dans les années 1500 avec la découverte de L’Amérique ......et de L'Asie par le Cap de Bonne Espérance .

Tout à fait, c'est le début du capitalisme mondialisé, de l’esclavage à l'échelle industrielle et de la mise en coupe réglée de la planète. Tout ça pour satisfaire au départ la soif de richesse et de luxe des élites européennes.

Absolument, Vincent, et le début de la circulation des virus.



Merci pour la correction Vernousain, et continue, c'est très intéressant.

On continue dans les iles de l'Océan indien lundi prochain .

Durant tout ce temps Commercon et Jeanne Barret sont retenus pour des travaux de recherche sur les iles . Il est demandé à Commerson de trouver des bois qui pourraient servir pour les navires et les mâts des bateaux . Des bois solides qui peuvent mesurer pour les plus grands 40 mètres de longueur pour les plus grands navires . A force de prendre dans les forêts françaises ces grands arbres ils deviennent de plus en plus rares et recherchés .  Philibert a une quarantaine d'années , il est resté à L’ile Maurice avec la bénédiction de Pierre Poivre qui lui alloue une maison dans Pamplemousses avec bien sur Jeanne Barret qui qui le suit toujours .

Le cartographe est resté pour prendre des mesures .

L'astronome Véron est resté également . Il est prévu que la  comète de Halley passe du côté de java dans cinq mois et c'est l'un des endroits ou elle devrait passer au plus près de la terre .

Durant les 26 mois de voyage Commerson aura découvert plus de 120 nouveaux genres et 4000 espèces de plantes . Ce fut un travail harassant que de tout commencer à classer . Tous les chercheurs de l'époque étaient des "forçats" du travail car il fallait noter au maximum toutes les indications possibles . Classer ,dessiner les plantes, sécher, identifier, prendre le stade floraison, fructification , le milieu ou la plante pousse, lieu sec, humide, l'acidité du sol etc ... et ensuite essayer de trouver une famille de plantes qui se rapproche le plus de l'échantillon , hors souvent les familles manquent et il faudrait en créer , un vrai casse tête que toutes ces plantes nouvelles et souvent pas de livre qui puisse aider aux identifications .   Commerson a comme tout botaniste qui partait naviguer a emporté des livres dont celui de De Flacourt (qui a sa famille les Flacoutiacées ) qui durant un temps a vécu à Fort dauphin au sud est de Madagascar cent ans plus tôt et Commerson envisage d'y passer pour botaniser .

   Commerson découvre sur l'ile de France (Maurice) une plante encore inconnue l'Hydrangea macrophylla (hortensia) si commun de nos jours, dans le jardin des pamplemousses . Des dessins sont effectués sur ce type nouveau et il est séché . Dans un premier temps il est appelé Peautia coelestina en l'honneur de madame Lepaute .

 Beaucoup de collections de voyageurs sont regroupées dans des grandes collections . C'est le cas d'une partie des collections de Commerson que l'on retrouve aujourd'hui chez Buffon et une autre partie des collections  chez Lacépède . Commerson étant absent les personnes à Paris qui identifient les espèces ont tendance à garder le travail de leur collègue en France mais pas que , les anglais également s'approprient le travail des collègues .

   Il est temps de donner quelques noms de plantes endémiques ou pas qui poussent sur les Mascareignes . Certaines sont rapportées depuis l'Asie et poussent au jardin Pamplemousses

    La plupart ont des noms vernaculaires du pays et les insulaires ne les connaissent que par ces noms locaux .  

Barleria observatrix
Batula platyphylla                                       bois nacré
Canarium paniculatum                                bois colophane
Crinum  mauritianum                                
Croton mauritianus                                    ti bois de senteur (Euphorbiacées)      dont un exemplaire est au jardin botanique de Brest
Saccharum officinarum                               Canne à sucre
Dictyospermum album                                 palmiste blanc
Gossypium sp                                             cotonnier
Indigofera sp                                             Indigotier
Oryza sativa                                               Riz asiatique
Cinnamomum camphora                              camphrier
Artocarpus                                                 arbre à pain
Litchi sp                                                     Litchi ou letchi
Sygzygium aromaticum                                poivrier
Myristica fragrans                                        noix de muscade
Cinnamorum verum                                     cannelle
Cananga odorata                                          Ylang ylang
Cofea arabica                                              café arbica
Manihot esculenta                                        manoe
Dracaena concina                                         bois de chandelle
Eugenia bojeii                                              bois clou
Lomatophyllum purpureum                            socratine du pays
Polyscias maraisiana                                     bois boeuf
Hyophorbe lagenicaulis                                  palmier bouteille

                             
palmier bouteille


Mimusops petiolaris                                      bois macaque
Pandanus sp                                                

fruit du Pandanus

Volkameria hetrophylla (Clerodendron )

Benjoin , Bois chenille, à la Réunion ou bois de cabris à l'ile Maurice de la famille des lamiacées


Manguifera : manguier 'Early gold'  

Pyrostria commersonnii                                  bois mussard
Syderoxylon grandiflorum                               tambalacoque
Syzygium cordemoyi                                       bois de pomme
Tambourissa cocottensis
Tectiphiala ferox
Trochetia boutonana                                       boucle d'oreille (visible à Brest ).
Badula balfouriana                                           bois papaye
Clerodendrum laciniatum                                bois cabri
Eugenia rodrigueziana                                    bois fer
Hibiscus liliiflorus                                           augerine
Hyophorbe vershaffeltii                                  palmiste manon
Pandanus heterocarpus                                   vacoa parasol

Sans doute un vacoa parasol ? endémique de l'ile Rodrigues

Gastonia rodriguesiana                                  bois blanc
Pittosporum balfourii                                     bois bécasse
Poupartia castanea                                        bois lubine
Acacia heterophylla                                        Tamarin des hauts  

Tamarin des hauts à la Réunion et dans son milieu naturel  avec au centre une fougère qui reste à identifier et un Solanum mauritianum .

Blechnum marginatum    

voici déjà une belle liste de plantes qui aura une suite semaine prochaine

En attendant la semaine prochaine je vous souhaite une bonne semaine non confinée dans votre jardin  et bon courage pour ceux qui travaillent .

et merci à toi, Vernousain, pour toutes ces données. A lire et à relire. Comme tout passionné, tu ne comptes pas ton temps ! A la semaine prochaine.

Merci pour le passage et le petit commentaire Avalou .

On a beau lire et relire je vois toujours des erreurs qui passent enfin on est pas des pros !

Boemeria sp

Ruizia cordata

Ruizia cordata

Croton mauritianum

Tournefortia arborescens

Tournefortia arborescens

Solanum mauritianum
Hubertia tomentosa
Diospyros borbonica

Lantania lontaroides

Latania lontaroides

Dombeya sp
Sophora denudata

et des centaines d'autre plantes plus ou moins connues , plus ou moins rares ou pas . beaucoup de ces plantes sont arrivées au jardin des pamplemousses , en plus des noix de muscades , la cannelle , le café, le poivre et le clou de girofle .

Le jardin des pamplemousses était jeune à l'époque , il s'étalait sur 37 ha et avait été créé par Pierre Poivre pour acclimater les plants d'épices des Moluques mais pas que ça . Il était le premier jardin tropicale , il succède au jardin du gouverneur De La Bourdonnais fondé en 1735 pour le ravitaillement des navires qui sont en route pour les Indes ou pour leur retour en France.

Avant que n'arrive Commerson , c'est Fuset d'Aublet qui s'occupe de 'Mon plaisir' la propriété du jardin des Pamplemousses . Durant neuf années , il fournit du bois et de la nourriture à tout ceux qui se rendent aux Indes . Fuset D'Aublet est anti -esclavagiste . Pierre Poivre lui a confié quelques 20 muscadiers et 32 canneliers à acclimater  , nous sommes dans les années 1754 . les pieds meurent sans explication Poivre est très mécontent et renvoie Fuset d'Aublet à Paris . On ne saura jamais qui a fait mourir les épices . On le retrouve  en Guyane quelques années plus tard puis à saint Domingue. Il fait paraitre en 1775 'L'histoire des plantes de la Guyane française' avec 576 genres et 1241 espèces .

Commerson est resté sur l'ile de France , sa maison est à Mon plaisir , elle commence à avoir pas mal de plantes de l'Océan indien et d'Orient et Extrême Orient par semis de graines et de jeunes plants venus par bateaux .
Arrivent à la demande de Pierre Poivre direct de Céram 400 pieds de muscadiers et 10.000 noix de muscades prêtes à germer et 70 girofliers début juin 1770 qui sont authentifiés par Commerson et transplantés aux Pamplemousses . Il y avait également le Litchi, l'anis étoilé, la cannelle, le mangoustan, La cacaoyer, le giroflier, le poivre et l'avocatier.

Pierre Poivre repart en France , Commerson meurt . C'est Jean Nicolas Céré qui a la charge des plantes sur les iles . Céré en 1783 envoie des pieds en Guyane afin de diversifier les endroits de production .

C'est aussi à cette époque que Pierre Sonnerat fait une bonne documentation dans ' Voyage à la Nouvelle Guinée ' sur le Lodoicea maldivica (coco fesse) qui en fait pousse aux Seychelles . C'est en partie grâce à lui qu'est introduit le cacao , le manguier au jardin des pamplemousses . Linné fils lui dédie le genre Sonneratia un palétuvier des mangroves . Cet arbre est visible en Nouvelle Calédonie de nos jours .

L'abbé Rochon rapporte le premier arbre du voyageur de Madagascar à 'Mon Plaisir '

Commerson veut visiter Madagascar et cette herbe géante qu'il va appeler dans un premier temps d'Alembertia uranoscope et que Linné débaptise en Ravenala madagascariensis .

Ravenala madagascariensis en milieu naturel à Madagascar . presque invasive !

Peut être un cultivar ? ' dAmbanja' ?  ou ' Honkondanbo ' ?
Aujourd'hui cette Strélitziacée est l'emblème de Madagascar . la compagnie d'aviation porte l'emblème sur la queue de ses avions
Le livre de chevet de Commerson s'appelle "Histoire de Madagascar " de Étienne de Flacourt qui vécut un siècle avant de 1607 à 1660 .
Il part pour l'ile De Madagascar en octobre 1770 accompagné de deux botanistes dessinateurs : Jossigny et Sonnerat .  Philibert découvre à cette époque à Fort Dauphin le Crassula Micrans (voir l'Odyssée des plantes de Lucile Allorge) une plante indigène qui ne sera jamais revue durant 250 ans . Lucile Allorge spécialiste des plantes malgaches et née sur l'ile rouge , part à la recherche en l'an 2000 de la Crassulacée sans trop savoir ou la trouver ? (peut être ou sans doute a -t-elle disparue ? ) Finalement après maintes recherches elle est localisée à moins de 10 km de Fort Dauphin .
On peut largement imaginer le plaisir de retourner sur les pas de Commerson et de retrouver cette espèce < disparue >; depuis 250 ans . Malheureusement pas de photo de cette Crassula micrans  . Par contre les herbiers montrent un dessin de Nepenthes madagascariensis fait par Jussigny ou Sonnerat .

Commerson a passé trois ou quatre mois sur l'ile en une ou deux fois ? il y a recensé 470 genres et le double d'espèces . Il en garde un souvenir extraordinaire tellement il a découvert de plantes qu'il a rencontré nul part ailleurs .

La suite semaine prochaine .

En attendant bonne semaine à toutes et à tous .

Ton récit renvois à ce que devait être ces îles au 18eme siècle lorsqu'elles ont été prospectées par les pionniers de la botanique moderne!
On ne peut qu'imaginer et regretter bien entendu tout ce qui a été perdu depuis en terme de biodiversité et d'endémiques.

Ce fut une époque effectivement ou les découvertes pouvaient se faire tous les jours lors des voyages . Depuis certaines plantes ont disparu, beaucoup d'animaux et d'oiseaux également , je pense au Dodo  cet oiseau endémique de l'ile Maurice qui devait peser dans les 10 kg pour 1 m de haut . Dans les lectures il y aurait eu de ces oiseaux encore dans les dernières années 1650   . Ils auraient disparus à cause de leur docilité ce qui est incompatible avec la la vie des hommes qui arrivèrent sur cette ile .
Pour les plantes il disparaitrait environ trois espèces de plantes par an . Beaucoup sont en extrême danger de disparition . L'homme détruit 500 fois plus rapidement que la nature surtout dans les bois exotiques rares . Les plantes invasives aussi font de gros dégâts .

Je pense aussi que bon nombre de plantes changent de noms et parfois on les croit disparues .
Venant du Var il y a aussi des plantes (espèces plus que genres)  que l'on retrouve au bout de 50 ou 100 ans après elles sont justes très menacées de disparition .

Les cultures in vitro et ensuite  in vivo permettent de sauver certaines plantes en voie de disparition .

J'ai un ami en Nouvelle Calédonie qui me dit que beaucoup d'endémique de l'ile disparaissent . Heureusement également que l'on en découvre d'autres ce qui compense un peu .





Cette Campanulacée a l'état sauvage a presque disparue depuis la culture in vitro elle a été sauvée
Brighamia insignis .

Infatigable et de retour à la Réunion il y découvre l'Acorus, le Galanga, le cubèbe, le Pareira braba que des plantes que les français achètent en Asie à prix d'or alors qu'elles sont piétinées à la Réunion .... Quel gâchis !

Il embauche Jean Baptiste Lislet Geoffroy un mulâtre qui lui rapporte des plantes et jamais les mêmes . L'enfant à cette époque a une quinzaine d'années . Plus tard il devient fondateur des arts et des sciences de l'ile de France devenue ile Maurice .

En 1771 Commerson est en route sur la Piton de la Fournaise avec une quarantaine de personnes , ils escaladent le volcan allumé , un cratère d'ailleurs lui est dédié .

De retour sur l'ile Maurice après onze mois d'absence l'homme est malade . Il souffre de coliques néphrétiques , du paludisme, de la dysenterie et pour aider l'ambiance est délétère . Les semaines et les mois passent , en aout 1772 la dysenterie le paralyse au lit , il reçoit un courrier qui lui demande de revenir en France . Trente quatre caisses attendent pour être chargées et revenir émerveiller le tout Paris . Le nouvel ambassadeur qui remplace Pierre Poivre le vire de son appartement prêté par Pierre Poivre .
Jeanne Barret est toujours à son chevet à le soutenir moralement . On emmène le botaniste dans le quartier de Flacq , c'est là que meurt Philibert Commerson le 17 mars 1773 à l'age de 45 ans . Sa sépulture semble introuvable de nos jours ?

Herbier général de Commerson autour du monde

les 34 caisses sont embarquées sur le vaisseau "la victoire"

Il comprend :
Trois cartons de plantes de Rio de Janeiro
Quatre cartons de Buenos Aires et de Montevideo
Quatre cartons du détroit de Magellan
Rien des malouines
Quatre cartons des iles Moluques  et de Java  
Dix huit caisses et cartons des iles de France
Deux cartons de Philippines
Deux cartons de Pondichéry
Un carton de Coromandel
Treize cartons de Madagascar
Un carton de Fort Praslin , des iles Mahé , et Rodrigues, de l'herbier de Sonnerat du Cap bonne Espérance, constitué de 6 boites et deux cartons .
Deux herbiers formant en tout 24 boites et 45 caissons suivent les dessins de plantes faits par Jossigny et Commerson, au nombre de 566 pour Madagascar .
Dix neuf autres dessins faits par d'autres dessinateurs comme Sonnerat, Morlaix et Cossigny .
Une suite de manuscrits de Commerson donnés par Daubenton
Les collections de poissons sont retrouvées chez Buffon 70 années plus tard dans le grenier de celui ci .

En conclusion , il y eut six morts durant tout le voyage , ce qui à l'époque est très peu .

Il reste de Commerson 42 nouveaux genres de plantes qui sont toujours valides , comme Flacourtia, Humbertia, Lodoicea, Bougainvillea, Hydrangéa




Lemurien de Madagascar


Bismarckia nobilis endémique de la Réunion et de Maurice


Forêt primaire sur l'ile de la Réunion


Hubertia ambavilla ?


Passiflora tripartita 'Mollissima'  sauf erreur de ma part ?.

Ainsi se termine le premier voyage autour du monde qui appellera par la suite à de nombreux autres voyages . Ils deviennent mieux organisés comme le voyage de la Pérouse  ou Lapérouse selon les livres . Des dizaines de voyages sont effectués par des marins avec des naturalistes . C'est la course aux ressources que pourraient trouver les voyageurs .

Ce sera pour un peu plus tard car des la semaine prochaine je vais vous présenter plusieurs centaines de plantes qui ont des noms de botanistes avec des histoires plus ou moins importantes.
Beaucoup de ces plantes fleurissent nos jardins en France métropolitaine .

Avant de vous parler des botanistes et du genre qui les honore , je  voulais vous montrer une exposition qui leur était consacrée je crois en 2010 à la Seyne sur Mer ou j’habitais en rade de Toulon en voici quelques photos durant toute la semaine .


Classification des plantes


Un vieux remède vieux de 2000 ans qui s'est transformé au long des siècles .



Les premiers jardin botaniques en Europe


Traité des arbres de Duhamel de Monceau



Instructions pour le transport des plantes

Suite


Maquettes pour les cours en 1780 par André Thouin


Échelle pour tailler les grands arbres .


Semoir


Caisse de Ward qui protège du froid et du sel marin



Caisse de Ward qui protège du sel marin et du froid

Les plantes médicinales de l'époque


Le quinquina Longtemps recherché pour ses vertus anti paludiques et malaria Cinchona est un arbre sempervirent de la famille des Rubiacées aux très nombreuses espèces.
Originaire de Bolivie , Pérou et Équateur . Depuis nous avons des produits de synthèse qui remplacent la quinine naturelle , mais elle  reste utilisée dans beaucoup de pays à travers le monde .



Le Curcuma , safran des Indes stimulant, anti inflammatoire , fluidifiant sanguin et anti oxydant
et le gingembre à droite


La garance (Rubia tinctorum) présente en France
Appartient à la famille des Rubiacées pour l'activité biliaire et purgative des intestins
Servait aussi de teinture rouge pour les vêtements .



Les huiles variées térébenthine , œillet, Smilax

Le Caducée


Pharmacopée royale 1118 pages concernant les généralités de la pharmacie



Pierre Pomet droguiste du XVII siècle



Pierre Pomet droguiste , le plus complet des livres de l'époque


Pierre Pomet droguiste portrait de l'homme qui meurt très jeune à 41 ans

Ces livres de pharmacies étaient exposés lors d'une exposition sur la botanique et les voyages des botanistes à travers le globe

Apothicaire des cordeliers Antoine Rivaltz


Apothicaire des cordeliers Antoine Rivaltz


Mortier pour la préparation des drogues (médicaments)


Camomille


Clous de girofle contre le mal de dent

Heckel botaniste à Marseille


Comment chercher, former, soigner à terre ou à bord des navires


Chirurgie marine


Valise de chirurgien