Belep - Havre caché au nord de la Loire

Le contexte : un vieux jardin d'environ quarante ans, façonné par les anciens propriétaires, qui ont aussi fait construire la maison. Avant eux, le lotissement était une ancienne carrière de mauvais calcaire (il y a d'ailleurs encore une carrière en activité à quelques kms d'ici : le sous-sol mis à jour est... blanc). Impossible d'oublier qu'on est encore dans le bassin parisien.
Les champs alentours me laissent admirative du travail des paysans qui nous ont précédé : lorsqu'il pleut, ils se transforment en mares et en ornières glaiseuses dans lesquelles il est impossible de marcher. Les cailloux blancs, d'assez grosse taille, affleurent partout. Quel travail de forçat devait être le labour, avant l'invention du moteur...

Le sol du jardin est très mince et glaiseux. Les précédents propriétaires ont simplement recouvert le remblais et le calcaire d'un peu de terre car il y a de l'espace. Ils ont planté beaucoup de caducs : un grand tilleul, une haie de noisetiers, des cerisiers, un pommier aux pommes trop acides, un noyer que la sécheresse fait souffrir... Les écureuils et le vent ont fait le reste et l'on trouve d'autres bosquets que je limite désormais, un chêne qui commence à devenir beau... les érables champêtres poussent comme du chiendent. De même que les noyers. J'en arrache une dizaine de jeunes pousses par jour, à la belle saison.
En plus des caducs, qui ont enrichi le sol au fil des années, quelques sapins/pins... Plusieurs sont morts, à force de sécheresse et les deux restants sont maintenant envahis par les chenilles processionnaires. Les pièges fonctionnent bien. Mais ce sont des milliers de pins qui sont désormais envahis autour de nous (car on exploite aussi un peu le bois dans la région, proche de la Sologne).

J'ai commencé par remettre en forme ce vieux jardin abandonné : les ronces et les pyracanthas arrivaient jusqu'aux fenêtres, lorsque nous nous sommes installés il y a 6 ans. Les iris, plantés en masse un peu partout, de même que les hémérocalles, sont alors réapparus. Les feuilles mortes accumulées depuis toutes les années où le jardin avait été abandonné les avaient couchés et rendus invisibles.
Dans la mesure du possible, je n'enlève rien. J'ajoute. Je sais que les anciens propriétaires, décédés bien longtemps avant l'achat, étaient passionnées de jardinage. Il m'a fallu du temps avant d'oser modifier leur jardin. J'ai enlevé quelques iris et déplacé un rosier trop à l'ombre. Et j'ai planté. Du persistant. De la jungle. Par besoin vital de forêt, de vert émeraude, de profusion consolatrice.

Côté températures hivernales, les minimales descendent facilement à -6 voire -8, dans un contexte de très forte humidité.

J'aime les histoires de jardins, et celle que tu nous racontes est touchante. La création d'un jardin par les anciens propriétaires qui ont dû travailler comme des forçats pour implanter de la végétation sur ce terrain difficile, et la continuité que tu souhaites donner à leur travail, tout en humilité.
Cette diversité de feuillages et de teintes de verts à tout pour me plaire. Je vais prendre beaucoup de plaisir à suivre ce fil...

Super la présentation de ton jardin!
Malgré le sol il y a des choses qui poussent quand même.
C'est bien de respecter l'existant et sous ces arbres le sol doit être adéquat pour implanter tout un tas de plantes d'ombre.

j'ai dû mal a croire que c'est au Nord de la Loire, ça fait un peu tropical

belle réussite , on attend la suite

Je le trouve très verdoyant et attractif ce jardin ! Je découvrirai avec plaisir la suite des changements apportés.

Belle réhabilitation de ce petit paradis ! Bravo pour la reprise

Jolis tableaux issu de ce jardin qui donne une impression que les plantes ont toujours été là et s'y plaisent, trouve une liste de plantes calcicoles à beaux feuillages pour compléter cet ensemble.
J'y vois bien des digitales, des ancolies....

Jolie photos de ton jardin luxuriant et le sol ne parait pas si ingrat que ça. Bravo pour les prises de vues.

Pour les digitales, ça me paraît compromis, sauf peut-être là ou il y aurait une bonne couche d'humus formé sous les arbres un peu acidifiants...
Mais le jardin est plein de vie, c'est super d'avoir gardé la structure existante, et de l'avoir diversifiée et améliorée.

Visiblement,  ce sol et ce lieu qui semble ingrat ne demandent  qu'à vivre, les semis sauvages sont là pour l'atester.
Il y a de la vie dans et autour de cette oasis.
J'espère que les noyer et autres fruitiers se répandent aussi au delà des limites de l'oasis!
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Belle reprise et bravo pour le respect des plantations des anciens propriétaires !! A force d'observation et de curiosité, tu vas faire de ce jardin un véritable oasis de bonheur

Bravo pour ton texte de présentation de ton jardin !
Le respect que tu portes au travail des propriétaires précédents est vraiment remarquable. Tu y as déjà mis ta touche personnelle et tu vas naturellement d'y plaire

Je rejoins ici les autres zinzins du jardin… Pour moi, ce que tu partages avec nous de ton rapport à ce jardin illustre bien qu'un jardin, ce n'est pas un objet à prendre ou à laisser, mais une transmission du vivant, respectueuse d'un lieu et d'une histoire, et évolutive dans sa continuité, et en adaptation constante, tout en “cultivant“ dans une conscience profonde de ce que les précédents jardinier nous ont transmis de leur labeur et de leur intention.

En ce qui me concerne en tant que ridicule "poti-jardinière", ce n'est plus mon cas aujourd'hui. Mais je garde un souvenir toujours aussi ébloui de la découverte d'un jardin au “bois dormant“, puis de ce qu'en famille, nous en avons conservé et y avons introduit. Aujourd'hui encore, je redécouvre en fréquentant ce forum, ce qui avait pu guider des choix (des jardiniers antérieurs) qui, à l'époque me laissaient imperturbable ou me semblaient bizarres…

Merci à vous tous pour vos encouragements !
J'ai tenté les ancolies l'été dernier, pour l'instant sans fleur (je ne sais pas si les deux plants repartiront cette année... Puisqu'elles n'ont pas fleuri). Et je viens d'essayer une grande digitale, j'ai profité de la douceur actuelle pour en planter une la semaine dernière ! Dans un coin à mi-ombre, a priori, assez riche en humus. J'ai le souvenir d'en avoir vu aux abords de notre jardin, lorsque nous sommes arrivés, mais qui ont disparu. On verra ce que ça va donner.

Les nandinas se plaisent bien ici, de même que les mahonias (il y en a des classiques, plantés par nos prédécesseurs, mais ils sont actuellement attaqués par ce qui me semble être un champignon, au point que des zones entières de mahonias aquifolias disparaissent... J'ai peur que cela s'étende, pourtant, ils sont donnés pour ne pas craindre de disparaître ainsi). Bref, j'ai planté des mahonias eurybracteata de toute sorte, et aussi des hybrides x media. J'ai un petit lomariifolia également.
Une bonne surprise, vu mon climat hivernal, le muehlenbeckia complexa tient admirablement bien les gelées. J'en ai dans plusieurs coins du jardin, y compris pas abrités du tout, et il n'a jusqu'ici jamais été défolié, même après des semaines sans dégel, du -7, de la neige... C'est donné pour semi-persistant mais à moins d'un hiver très rigoureux ou d'habiter dans l'Est ou en montagne, c'est plutôt très persistant.
Sur la photo, d'origine : le kniphofia dont on aperçoit le feuillage échevelé, et un rosier, un peu perdu au milieu du reste, mais qui donne de grosses roses de couleur corail à la belle saison


Une autre vue du jardin, depuis un petit chusquea giganteum, qui se porte bien (mi-ombre d'un buddleia d'origine, qui aurait besoin d'être taillé d'ailleurs). On devine artemisa afra derrière, qui, après deux semaines sans dégel entre -5 et -8 (surtout dans ce coin du jardin) est toujours bien persistante aujourd'hui même. Il faudra que je prenne une photo, si je trouve le temps.


Mon chat de Schrödinger : un musa Helen's hybrid, qui, sous son paillis actuel, est peut-être mort à moins qu'il ne soit vivant. Planté au printemps 2023. On verra ce qu'il en est dans quelques semaines...


Trochodendron aralioides : j'en ai deux. Celui-ci est la forme qui reste verte en hiver (il faut que je retrouve le blog où j'ai lu ça)


Canna lago de chapala, fargesia robusta wolong quasi jamais arrosé et qui commence à ressembler à quelque chose, un érable champêtre ou plusieurs (il y a plusieurs troncs), laurier-palme et grand buis de 4m de haut, que je dois traiter contre la pyrale, tous deux d'origine et qui donnent un beau fond vert toute l'année, etc.

Tu arroses bcp? Ou il pleut encore " normalement " dans ton pays?
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Non, j'arrose peu, car j'ai peu de temps. Nous avons eu plusieurs étés de sécheresse. Les ruisseaux alentours sont d'ailleurs toujours à sec alors qu'il pleut bien, cet hiver. A notre arrivée, nous avons dû faire abattre deux bouleaux et un grand pin. Deux ans plus tard, un bosquet de sapins et il y a un charme très mal en point. Partout autour de nous, de nombreux arbres sont morts, notamment des pins mais aussi des caducs. C'est pourquoi je privilégie les arbustes peu gourmands. Et je me fais plaisir avec quelques plantes qui aiment l'eau (colocasias, musas). Les cannas et hédychiums ne sont jamais arrosés. J'essaie d'utiliser au mieux la glaise de mon jardin (comme d'autres l'ont aussi suggéré dans ma présentation).

Ton canna est superbe !
Trochodendron aralioides est un arbuste persistant rare ! pouvant supporter jusqu'à -20°C environ. Tu as fait un bon choix.

Je suis d'ailleurs étonné de voir que des plantes plutôt acidophiles et appréciant l'humidité réussissent bien sur un substrat à priori de " mauvais calcaire "
Le Trochodendron aralioides est plutôt un copain dew rhodos normalement.
Le calcaire serait il lessivé en surface?
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Bienvenu sur le forum Belep.
Je me joins aux précédents compliments !
Quelle entrée en matière, je suis impressionné !

J'apprécie beaucoup ces plantations denses et certaines plutôt osées pour ta région (proche de la Sologne , c'est bien ça ?).

Bravo pour le Trochodendron, c'est un très bel arbuste et pas courant !
Tu arrives à tenir des Farfugium jap. ? Ne sont-ils pas défoliés l'hiver ?

le muehlenbeckia complexa tient admirablement bien les gelées....J'en ai dans plusieurs coins du jardin, y compris pas abrités du tout, et il n'a jusqu'ici jamais été défolié...

J'en suis étonné, j'en ai plusieurs aussi, ils sont à moitié défoliés chaque hiver.

Je suis d'ailleurs étonné de voir que des plantes plutôt acidophiles et appréciant l'humidité réussissent bien sur un substrat à priori de " mauvais calcaire " Le Trochodendron aralioides est plutôt un copain dew rhodos normalement. Le calcaire serait il lessivé en surface? a écrit:

Disons que pour l'instant, il tient (de même que d'autres plantes qui aiment les sols neutres). On verra dans un ou deux ans, quand les racines auront poussé en profondeur .
En fait, outre les plantes calcicoles, je tente certaines plantes qui poussent en sol neutre à légèrement calcaire, notamment certaines fougères (bon ok, j'ai aussi tenté un rhodo mais dans un aménagement très surélevé de mélange de terre bien acide, en comptant sur ses racines superficielles, mais c'est tout récent et je ne me fais pas trop d'illusions).
Les deux trocho sont en outre plantés dans un sol enrichi depuis une trentaine d'années en feuilles et bois de noisetier (+ brf maison et tontes de gazon). Je plante d'ailleurs toutes mes plantes "limite" (pas très calcicoles) dans les coins du jardin où la couche d'humus est très importante. La difficulté pour moi, réside tout autant dans le climat. Les plantes que j'affectionne le plus poussent en climat océanique (plantes de l'Est asiatique, par exemple) et en sous-bois humide. Par contre, mes expérimentations sont encore trop récentes pour pouvoir être déclarées valides.
A côté de cela, les nandinas et les mahonias supportent très bien un sol calcaire, contrairement à ce qu'on peut lire parfois, tant qu'il y a un peu d'humus et, pour ce que je constate, d'argile.

Tu arrives à tenir des Farfugium jap. ? Ne sont-ils pas défoliés l'hiver ? a écrit:

si, mon gros est en pot. Il est collé à la maison mais il se défolie chaque hiver, et repart toujours plus beau chaque printemps.
J'en ai un autre sous un laurier-palme, il ne s'est pas défolié cet hiver mais le problème c'est que les quelques plantes fragiles qui sont protégées en hiver souffrent de la concurrence racinaire et de la sécheresse en été.

Avec les changements climatiques en cours, et l'instabilité météorologique subséquente, ce qu'on arrivait à faire pousser en zone limite il y a 20 ans ne passe plus maintenant.
Essentiellement pour des raisons de manque d'eau estival, couplé à des températures excessives.
La fausse roquette, sujet discuté ailleurs, d'origine très méditerranéenne, a ainsi étendu largement son aire à toutes les régions où le froid hivernal n'est plus un soucis.

Selon les régions, même des espèces autochtones sont en régression.
Et bien sûr, d'autres possibilités s'ouvrent symétriquement aux jardiniers aventureux, en même temps qu'on assiste à une remontada globale des espèces méridionales, en plus des espèces exotiques invasives plus ou moins néfastes.

Si on remonte assez loin dans le temps, beaucoup d'espèces communes de notre flore sont des anciennes invasives.
La première vague a accompagné les neanderthaliens, avec leurs brûlis, qui ont permis l'expansion de nombreuses espèces méditerranéennes déjà, provenant des rares zones épargnées par les glaciations côté Eurasie.
Puis il y a surtout eu l'installation des Sapiens, qui ont vraiment modifié l'environnement, en pratiquant le brûlis à très grande échelle.
Puis l'arrivée des Sapiens plus modernes , avec l'élevage, puis l'agriculture qui ont fait entrer massivement les espèces messicoles et rudérales venant de l'autre côté de la méditerranée sur une période relativement assez courte.
Il y a eu constamment des introductions au cours de notre histoire, grâce au commerce autour de la mare nostrum, mais aussi qq espèces venant des steppes et autres biotopes d'Asie centrale, par les échanges ou invasions/migrations.
Il y a 5 siècles, l'ouverture de voies commerciales vers le nouveau monde a entraîné un nouveau pic d'introduction d'espèces, des deux côtés, qui n'ont qu'assez peu crée de problèmes chez nous finalement.

Mais depuis peu, le commerce mondial ayant pris des proportions démesurées, plus les effets du réchauffement, les introductions ont atteint un niveau probablement jamais connu dans l'histoire de la planète, pour un laps de temps si court.
Et en même temps, à l'échelle de nos courtes vies, nous avons tous pu observer des effets autour de nous sur les flores " sauvages", autant que sur nos jardins.

Personnellement, je ne suis qu'assez moyennement affolé par l'idée de l'implantation des exogènes en général, tout en déplorant bien sûr l'apparition de diverses pestes très problématiques. ( pour le secteur Eurasie)
Il est clair que dans d'autres écosystèmes, cela peut être catastrophique.
Chez nous, normalement, ça se régule assez bien en général, plus ou moins vite.
Mais ce qui va pas se réguler de si tôt, ce sont la tendance au déficit hydrique sur une bonne partie du pays, ni les actions délétères des humains sur l'environnement, ( sutout avec les super arrangements entre l'état et le syndicat agricole létal) qui créent dans la plupart des cas les problèmes dont les invasives ne sont au final que le symptôme.

En tout cas, le manque d'eau estival risque de conditionner fortement le fonctionnement de nos jardins, zones agricoles et écosystèmes pour le futur immédiat.
Même dans les régions traditionnellement assez bien arrosées.

Va falloir trouver des solutions ou/et renoncer à certaines plantes trop soiffardes, ou trop vulnérables aux nouveaux parasites, etc...
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Je découvre ce magnifique Trochodendron aralioides, quelle allure !

Je comprends cet affolement moyen qui moyenne concernant les introductions sur continent, de par mes origines îliennes pour lesquelles c'est une toute autre histoire. Cela dit, je vois une grosse inertie face aux chenilles processionnaires dans les exploitations près de chez moi (autant couper tout de suite et vendre ce qui peut l'être pour planter plus rapidement du caduc, qui rapportera moins vite, certes, mais finalement plus que du pin qui ne parvient plus à pousser -puisque les petits plantés récemment sont désormais tous atteints, depuis un ou deux ans).
Mais ce qui m'inquiète davantage, actuellement, c'est de voir les forêts, en bord de route, souvent mal entretenues (des propriétaires parisiens, j'imagine, j'espère être caricaturale). Les arbres qui agonisaient ces dernières années sont morts, les tempêtes hivernales les ont fait à moitié tomber, et ils subsistent, partout, comme un pont entre deux arbres vivants, qu'ils embraseront sans difficulté en cas d'été sec et de début d'incendie.

A ce sujet, je ne résiste pas à l'envie de publier ces mémoires de paysans datant de l'été 1723 (j'espère que ce sera lisible). Cela ne me semble pas hors sujet dans la mesure où il s'agit de climat en rapport avec l'agriculture. Mon propos n'est pas de polémiquer sur la question du réchauffement, je décline toute compétence, mais simplement pour le plaisir de transmettre cette mémoire de temps un peu long.

Concernant les trochodendrons, il y aurait deux formes, une de Taïwan, l'autre du Japon (voire 3 si on ajoute la Corée). Enfin, ce n'est pas très clair mais mes deux trocho sont effectivement assez différents.