quelques bulbes exotiques- Rhodohypoxis - Galtonia

A mon avis, c'est autant une question de culture souvent forcée que de stockage dans de mauvaises conditions en magasin, les bulbes en sachets exposés aux 4 vents ou dans des endroits surchauffés, l'important c'est que ça fasse vendeur, pas que ça pousse une fois planté !

Je vois que ce sujet fort intéressant est au point mort, dommage, plus personne ne s'intéresse aux bulbes rares ? Il faut dire que se les procurer n'est pas facile.

Comme c'est un de mes "dadas" je vais commencer de parler de mes essais avec les bulbes sud-africains provenant de la zone d'Afrique du Sud à pluies hivernales.

La culture doit imiter les conditions naturelles.
La végétation de ces bulbes est semblable à celle des plantes du pourtour méditerranéen ( cyclamens, scille du Pérou ou scille maritime, muscaris, tulipes botaniques...) : elle commence avec les premières pluies de fin d'été  et début d'automne(avec un démarrage visible plus ou moins précoce)  et cesse dès qu'il fait chaud et sec (milieu à fin du printemps entre avril et juin suivant les Genres et espèces). Les plantes sont alors au repos y compris au niveau des racines qui sèchent et disparaissent (sauf qques exceptions comme les Amaryllidacées). Juillet et août sont des bons mois d'introduction au jardin. Certains bulbes doivent être enfouis, d'autres doivent avoir le col ou 1/3 supérieur du bulbe extériorisé (beaucoup d'Amaryllidacées).
Si on n'a pas trop de gel (nuits les plus froides -5°C, à la rigueur exceptionnellement -7°C, pas plus d'une à 2 fois/ hiver= zone de l'oranger) une gamme assez étendue est possible en étant, pour une fois, uniquement contemplatif (pas d'arrosage, pas d'engrais, pas de protection, pas d'hivernage...)(un désherbage 2 fois/ an est qd même nécessaire) : des plantes belles, originales et de tout repos !
Pour les "Nordistes"(incluant le Midi à hivers froids), la culture en pot est possible (substrat 40% de sable grossier, si possible non-calcaire, 40% bon terreau, 20% limon) à la lumière vive (par exemple pot sur balcon ou rebord de fenêtre abrité en période de gel).

Le premier de ces bulbes que j'ai introduit il y a plus de quinze ans, a été Boophone disticha, un gros bulbe d'envirion 5 à 6 cm de diamètre, acheté assez cher en janvier pour la beauté de ses feuilles. Le handicap essentiel de mon jardin est essentiellement le sous-sol argileux, son faible drainage et les maladies fongiques qui en découlent.
Je n'ai donc pas pris de risque et l'ai placé en plein soleil, à l'étage supérieur d'une rocaille à cactus en terre très sableuse. En effet Soleil, sol drainé riche en grosses particules (sable grossier et gravier) et respect du rythme d'arrosage sont les facteurs principaux de réussite. L'arrosite (tendance des jardiniers débutants à arroser souvent) et l'arrosage automatique sont leurs ennemis.
Le bulbe a supporté parfaitement tous nos hivers et même le plus terrible depuis 1985-86 (hiver 2009-2010, avec 25 nuits avec gel, 2 fois -5°C, une nuit à -7°C, 40 cm de neige glacée). Il a grossi d'environ 1cm de diamètre par an (actuellement son diamètre est à peu près celui d'un ballon de handball )et a mis 5 à 6 ans pour être adulte et fleurir. (soit 12 à 15 ans après le semis !).
La floraison est intéressante mais fugace (environ une semaine), l'infrutescence est une grosse boule d'environ 50 cm de diamètre, elle est arrachée par le vent ce qui lui permet de disperser ses graines si les fleurs ont été fécondées, ce qui n'arrive que si un autre Boophone fleurit simultanément à proximité. C'est pour cela que j'ai constitué un groupe de 3 Boophones, que je pollinise en obtenant graines et jeunes bulbes.
Une dernière particularité de ce Boophone : toutes les parties de la plante sont toxiques d'où le nom vernaculaire de "tueur de boeufs". Je n'ai jamais eu aucun problème à manipuler ou polliniser ce bulbe, mais il paraît prudent de se laver les mains après l'avoir fait.

En photoS.
Un bulbe"à feuilles" : l'éventail de feuilles frisotées est superbe et dure toute la saison froide

.https://i.servimg.com/u/f74/17/93/66/79/boopho15.jpg


Une boule de fleurs roses qui émerge soudainement, habillée de son feuillage sec de la saison précédente :


Des semis qui permettent de constituer un pare-terre original.(résultat 2 ans après la mise en place de bulbes cultivés 5 ans en pots.



Des semis spontanés lorsque l'infrutescence roule au sol : on devine en haut l'étagère supérieure de la rocaille et la base de la plante-mère et sur l'étagère inférieure un semis spontané très visible et plusieurs autres d'environ 3 ans à proximité d'un Echinocereus.




Un article complet sera publié dans Plantaexotica.

Il est vrai que ce Boophone est d'une esthétique plus qu'attirante, mais comme tu le précises, encore faut-il pouvoir en trouver et à un prix abordable    (bon, là c'est quand même un peu exagéré   )

....plus personne ne s'intéresse aux bulbes rares ?

Ah mais si, Cormillonne   ici

Incroyable cette 'forêt' de Boophane , j'en ai vu plusieurs fois mais à chaque fois en serres . Merci de donner toutes ces explications sur ce bulbe que l'on ne voit que très rarement et surtout dehors .
Un massif de Boophone disticha le pied ... du jamais vu en France .
Bon chez moi en Ardèche on oublie mais c'est possible en bordure de mer .
Pierre SFA a bien travaillé c'est lui qui va voir fleurir le premier ce très beau massif .
Les feuilles pètent la santé .
Bonne continuation on attendra les fleurs

Félicitations pour ces superbes Boophane, et en plus en pleine terre, jamais vu en vrai

quelles merveilles ces Boophones !! une belle réussite pour les semis !!

Wah c'est vrai que c'est impressionnant,et une variété bien frisée en plus. J'en avais eu un, mais feuille très peu ondulé, moins beau. Je trouve que la forme du feuillage est le plus bel aspect de la plante.

Cela me fait penser que finalement, par rapport au climat les jardins sont généralement pauvre en diversité, quand on voit celui de Pierre par exemple

Merci beaucoup d'apprécier ce sujet. quelques réponses à vos commentaires :
-bravo pour les semis : c'est gentil, mais non, quand on sème des graines fraiches, ça germe tout seul, le commerce habituel ne nous livre souvent que des graines momifiées dans les tiroirs et sachets. Il faut dire que pour les Amaryllidacées d'Afrique du Sud, c'est difficile de semer des graines importées car ces graines très charnues ont une courte viabilité, que la période idéale pour semer c'est juste après récolte en automne alors que nous ne sommes pas dans le même hémisphère. L'auto-fécondation ne donne pas de fruits, c'est pour cela que j'essaye de trouver pour les espèces les plus intéressantes 2 ou 3 bulbes pour inter-polliniser et ça marche le plus souvent.

Notons également que Boophone (c'est l'orthographe qui semble admise maintenant), ne fait jamais de bulbe latéral comme Nerine ou Lachenalia, les graines et, peut-être un prélèvement latéral du plateau du bulbe (je n'ai jamais essayé) sont donc
les seuls moyen de le multiplier.
Ce bulbe peut se cultiver dans un gros pot en étant décoratif même sans fleur, je dis souvent que c'est un "bulbe à feuilles": l'éventail peut faire 60 à 65 cm de rayon à l'âge adulte.
Dans la crainte de survenue d'un épisode pluvieux méditerranéen (comme en ce moment) il faut le placer en situation très, très, très drainée.
Frisottage : les jeunes bulbes ne le sont pas la ou les premières années, mais avec l'âge ça frise, en tout cas pour les bulbes que je cultive.

La première espèce de bulbe moins courant avait été Amaryllis belladona, car c'est un des plus faciles à se procurer et à cultiver. Par contre il a mis au moins 5 ans après implantation à se mettre à fleurir, puis a fleuri chaque fin d'été, environ 3 semaines après la première grosse pluie, à peu près comme Boophone.



Dans un 2° temps j'ai voulu avor la forme à fleurs rose foncé, on m'a d'abord fourni des bulbes rose pâle non-conformes et après réclammation enfin j'ai eu ma première fleur foncée.


Le pédoncule est rouge et les graines sont comme des bonbons translucide. J'ai semé pour savoir si ces graines donnent des bulbes à fleurs foncées, résultat dans 5-7 ans...

Des groupes clairs et foncés placés à proximité l'un de l'autre font un contraste intéressant.

C'est toujours magnifique ces belladona.
Un classique des vieux jardins méditerranéens.
Ceux qui sont chez mes parents semblent pointer leur hampes florales dès fin août, avant les pluies.

Sans arrosage du jardin ?

A certains endroits oui, pas forcément là où se trouvent les Amaryllis.
Mais en effet c'est fort possible qu'ils en profitent par contre indirectement.

Toujours intéressant ces discussions, Pierre quand les sujets spécifiques existent, n'hésites pas à enchaîner et poster tes photos à la suite, ça complète et les discussions sont plus faciles ensuite à retrouver. Les sujets transversaux comme ici sont plutôt fait pour aborder des généralités... Enfin, de toute façon ces échanges restent de qualités où qu'ils soient!

Jamais vu un tel massif de Boophone : l'effet est spectaculaire et le feuillage de cette plante est absolument merveilleux !